Rôle Des Oméga 3 Dans La Prévention Des Facteurs De Risque Cardiovasculaire
L’importance des oméga 3 en médecine préventive ne cesse d’être réévaluée. De nombreuses études sont menées pour en démontrer l’intérêt. Petite revue sur la prévention primaire du risque cardiovasculaire.
Les premières constatations sur les bénéfices santé des oméga 3 sur les maladies cardiovasculaires sont nées au milieu des années 70 d’une observation chez les Inuits du Groenland. En effet, leur alimentation est principalement constituée de poissons gras, importante source d’oméga 3, et le taux de maladies cardiovasculaires (MCV) dans cette population est extrêmement faible. De nombreuses études épidémiologiques ont ainsi fourni des preuves d’une corrélation entre la diminution de l’incidence des MCV et les apports alimentaires en oméga 3. Cette prévention primaire semble meilleure avec un apport en oméga 3 à chaîne longue (EPA + DHA), qu’avec un apport en acide α-linolénique.
La méta-analyse de Kromhout montre que manger du poisson une fois par semaine est associé à une diminution de 16% du risque de maladies coronariennes mortelles. Ainsi, manger du poisson gras 1 fois par semaine ou du poisson maigre 2 fois par semaine est recommandé dans le cadre d’une prévention primaire des maladies coronariennes. La consommation régulière de poisson riche en oméga 3 à longue chaîne (EPA, DHA) pourrait donc être reconnue comme facteur de prévention primaire du risque cardiovasculaire.
La méta-analyse de Delgado-Lista montre, principalement chez les personnes ayant un risque cardiovasculaire, le lien entre différents acides gras de la famille des oméga 3 et :
une diminution globale de 10% du risque d’accident cardiovasculaire
une diminution de 9% du risque de mortalité cardiaque
une diminution de 18% des accidents coronariens (mortels ou non mortels)
ainsi qu’une tendance à baisser la mortalité totale (5 % de réduction du risque).
En 2006, une étude japonaise a mis en évidence un lien significatif entre la consommation de poisson, riche en acides gras polyinsaturés n-3 et les risques cardiovasculaires. Dans cette étude, plus de 40 000 hommes et femmes japonais exempts de tout risque cardiovasculaire et cancer ont été suivis de 1990/92 à 2001. La réduction des risques a été principalement observée pour les événements coronaires non mortels (RR = 0,43 [0,23 à 0,81]), mais pas pour les événements coronariens mortels (HR = 1,08 [0,42 à 2,76]).
En conclusion, cette étude a montré que consommer du poisson plus d’une fois par semaine permettait de diminuer le risque d’infarctus du myocarde et les événements coronariens non mortels.
Des oméga 3 dans nos assiettes, oui, mais la supplémentation a-t-elle les mêmes effets ?
Certaines études récentes vont à l’encontre d’un lien entre supplémentation en oméga 3 et risque cardiovasculaire :
La cohorte du « Risk and Prevention Study Collaborative Group », sur des patients ayant de multiples risques cardiovasculaires, montre qu’une supplémentation quotidienne d’1 gramme d’acide gras n-3 ne réduit pas la mortalité et la morbidité cardiovasculaire. Cependant, le choix de l’huile d’olive comme placebo a pu créer un biais. En effet, il a été montré par ailleurs que le régime méditerranéen, dont l’un des éléments constitutifs est l’huile d’olive, contribue à la diminution des risques cardiovasculaires chez les personnes à risque. Cette étude met ainsi en évidence l’efficacité d’une supplémentation en huile d’olive dans la prévention des risques cardiovasculaires sans infirmer l’efficacité d’une supplémentation en oméga 3.
La méta-analyse de Rizos montre également qu’une supplémentation en acides gras oméga 3 n’est pas associée à une diminution du risque de mortalité cardiaque, de crise cardiaque ou d’infarctus du myocarde.
La récente revue de Marai traite des effets des oméga 3 et de la vitamine D sur les maladies cardiovasculaires et indique que ces acides gras, ainsi que la vitamine D, sont largement consommés chez les personnes saines, les patients à risque cardiovasculaires et les patients diagnostiqués cardiaques. Les données disponibles ne permettent pas de prouver leur efficacité auprès des personnes saines et des patients atteints de pathologies cardiaques spécifiques. Ainsi, la supplémentation ne doit pas être réalisée sans prescription médicale.
En conclusion, les acides gras oméga 3 d’origine marine pourraient avoir un effet dans la prévention du risque cardiovasculaire ainsi que des accidents coronariens, et spécialement chez les personnes présentant un risque cardiovasculaire. Consommer 1 à 2 portions de poisson gras par semaine aiderait à prévenir l’apparition de maladies cardiovasculaires et d’autant plus si cette consommation est associée à une alimentation équilibrée et la pratique d’une activité physique régulière. La prise de suppléments, qui doit être médicalement prescrite, est à ce jour remise en question par un certain nombre d’études.
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